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13 mars 2006

La fabrication des selles à Oujda, un métier menacé de disparition

Parmi les métiers manuels les plus réputés dans la ville d'Oujda, à travers les époques, figure incontestablement celui de la fabrication des selles, symbole de toute une tradition et de rites tissés par les relations ayant lié l'homme à la race chevaline

photosmaroc4Parmi les métiers manuels les plus réputés dans la ville d'Oujda, à travers les époques, figure incontestablement celui de la fabrication des selles, symbole de toute une tradition et de rites tissés par les relations ayant lié l'homme à la race chevaline, devenue son moyen et compagnon en déplacement et en gain et son ami dans la célébration des fêtes des fiançailles et de fin de période des moissons.

Néanmoins, divers facteurs inhérents à l'évolution industrielle et au mode de vie moderne ont fait que ce métier se retrouve comme miné de danger de disparition, après son âge d'or, et l'interrogation sur son sort revient chaque fois que la mort emporte l'un des artisans de ce patrimoine civilisationnel et culturel, mais aussi par manque d'initiative de l'inculquer aux générations montantes.

Selon un des concernés, une vingtaine d'artisans s'adonnait à la fabrication des selles à Oujda, dont des noms comme Guemmi, Jaja et Mouloud.

Cependant, ce chiffre se verra en constante baisse, depuis les années 80, et le champ de la sellerie se rétrécit davantage, la jeunesse hésitant à prendre le relais, probablement en raison de l'effort et de la présence continus que ce métier exige et du revenu limité qu'il procure.

Dernièrement, ce fut le décès à l'âge de 88 ans à Oujda de Haj Abdelajalil Ahmed, qui vient encore grever ce métier en le privant de l'un des célèbres fabricants des selles dans cette ville, qui n'en compte désormais qu'un seul.

Le défunt était devenu un mordu de ce métier, qu'il avait appris depuis son jeune âge. Son fils, Benaissa, a rappelé dans un entretien à la MAP, que la relation de son père avec ce métier remonte à l'âge de 8 ans à Figuig, une séculaire ville (380 km au sud d'Oujda) où il est né en 1917, et ce, après que son grand-père l'a envoyé à Dar Hellou de la "Sanâa", un ouvroir d'une famille qui supervisait l'apprentissage de ce métier gratuitement aux jeunes, après avoir refusé son envoi aux écoles modernes créées alors par les colonisateurs.

Par la suite, il est allé exercer dans la localité de Souguer en Algérie, avant de gagner Oujda en 1941 et s'installer place "Al Attarine" en 1951, puis à Souk "Ech-cherrakine" (fabricants de cuir), jusqu'en 1997, où il a pratiquement rompu avec ce métier, santé oblige, pour s'en contenter de bribes à la maison, comme pour chasser l'ennui, jusqu'à son décès le 31 octobre dernier.photosmaroc5

A propos des spécificités des selles qui se fabriquaient dans la région de l'Oriental, il a indiqué qu'elles étaient connues sous le nom de "Stara cherqiya", et qui est composée de la "tarha", soit une pièce en cuir que l'on place, la première, à dos de cheval, avec ensuite ce qu'on appelle "Laâdhem", élément en bois couvert de peau de chameau ou de tissu "qatifa" (appelé ghebbaria dans ce cas), ce qui formera, en tout, un siège du chevalier.

Celui-ci est attaché par un "dir" (ceinture) autour du poitrail du cheval et par une autre ceinture passant au niveau du passage de sangle, lesquelles ceintures seront nouées entre la "stara" et "laâdhem". Celui-ci était fabriqué par des spécialistes qui se trouvaient à l'hôtel Boulouiz et dont un seul continue d'exercer aujourd'hui.

La composante supplémentaire de la selle consiste également en des brides faites de ceinturons en cuir mis autour de la nuque et du front du cheval et des " sraâ", soit des rênes en cuir attachées de part et d'autre d'une pièce métallique (mors) que l'on place entre les mâchoires du cheval.

Selon la même source, les selles de grande qualité qui étaient fabriquées à Oujda exigeaient jusqu'à un mois de travail, y compris la broderie "majboud" où sont utilisés des fils en soie réalisés par certaines jeunes filles pour le compte des selliers.

Par le passé, dit-il, les fellahs et éleveurs de chevaux dans la région de l'Oriental rivalisaient pour l'acquisition des meilleures selles, dont le prix allait jusqu'à plus de 4000 dh, aussi bien par amour voué aux chevaux que pour paraître bien en selle avec une monture à beaux harnachements, lors des jeux de "fantasia", organisés à l'occasion des "waâda" (festival) scellant la saison de moisson et lors d'autres fêtes et fiançailles.

De multiples voix s'élèvent, à maintes occasions, pour appeler à la nécessité de réhabiliter de ce patrimoine artisanal, afin d'éviter sa disparition, par une stratégie de formation, d'autant plus que les mutations prévisibles avec la nouvelle station balnéaire de Saidia promettent de constituer, pour la région de l'Oriental, une locomotive de développement capable de favoriser un nouveau souffle pour la promotion du produit de l'artisanat.

Taib Oumas-Menara

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